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La «princess attitude»: Mon mode d'emploi princier



«Je préfère être princesse d’un petit royaume que courtisane dans un grand château.» (Anna Gavalda)


Oye, oye! Avis à ceux qui n'avaient pas encore saisis la chose, je vous le confirme une fois pour toutes, je suis bel et bien une princesse. Oh! Mon royaume est minuscule, je l'avoue, il est exigu, peu peuplé, probablement isolé à souhait pour quiconque est plus habitué que moi à la courtisanerie, et il est géré pas un ministre des finances assez austère. Qu'à cela ne tienne, le mode de vie princier est accessible à plus de gens qu'on ne le croirait à prime abord, et n'a rien à voir avec l'obésité morbide du portefeuille ni avec les valeurs du cœur, qui lui, le p'tit «vlimeux [1]», a parfois ses raisons que même la raison ignore (du moins selon Blaise Pascal).


Non, n'en déplaisent à leurs détracteurs, les princesses de ce monde ne sont pas toutes de riches crapules ayant fait fortune sur le dos de leurs roturiers. Certaines sont sans histoires, mais adoptent avec joie un mode de vie moins orthodoxe par pur plaisir. On se fait dire: «Tu ne vis pas comme les autres» ou «on ne sait jamais, avec toi». On se fait reprocher de vivre dans le monde des arcs-en-ciel et des licornes. Parfois, on se tient tout croche, au lieu d'avoir le dos droit, chancelantes sous le poids de la critique acerbe. Plusieurs princesses auront une scoliose en vieillissant. Mais pour être princesse dans ton propre royaume, il n'y a pas de trucs infaillibles. Pour en arriver à développer l'attitude princesse, ça prend de l'autodérision et de la pratique. Il existe pourtant des activités qui me font sentir princesse à tout coup et quand je pense à ma petite liste, j'entends presque Roberto Benigni [2] me crier son célèbre buongiorno principessa en s'inclinant à mon passage comme un galant. Ou peut-être pas... Mais bon... Parlons des princesses comme moi. Comment développe-t-on la «princess attitude»? Voici les clés des dix portes de mon royaume.

Trouve TA chute cachée


Les têtes couronnées ont toujours accès aux meilleurs spots, c'est connu. On adore être mis au parfum des secrets les mieux gardés de cette planète. Il y a toujours une chute d'eau quelque part qui nous fera sentir comme si on était Brooke Shield dans Le Lagon Bleu. Pour être une vraie princesse digne de ce nom, ça te prend une chute allongée dans un sous-bois telle une jolie femme nue sur une peau d'ours, qui deviendra TA chute. Se déshabiller sur une rocher en contrebas, tirer ses chaussures au bout du monde et sauter dans l'eau fraîche en maillot ou en tenue d'Ève, rien ne peut battre cela. J'ai ma chute. Elle est bien cachée dans une forêt exotique près de Senaru, au Lombok, au pied du volcan Rinjani, et s'appelle Tiu Kelep. (Je sais, je sais, j'ai tendance à m'énamourer de l'inaccessible, pas besoin de me le répéter, là!). L'eau qu'elle déverse est froide comme une nuit de novembre et il s'avère facile de l'avoir juste pour soi, car c'est un des lieux les plus méconnus de la verdoyante petite île indonésienne. Aussi, faire trempette dans un endroit si isolé nous fait sentir privilégié. Tu veux être une princesse? Il te faut ta chute.


Et même si tu ne peux pas t'envoler vers l'Indonésie, tu peux t'en trouver une dans les parages. La rivière aux Émeraudes, près de Percé, offre une expérience similaire. Le bout du monde, c'est aussi ici, quand on y réfléchit bien.

Fais-toi justice à coups d'égoportraits


Une princesse, ça se met en valeur. On n'aime pas avoir l'air de la chienne à Jacques sur les photographies. On exerce notre droit de véto dès qu'on en a l'occasion pour dire: «Man, que je ne te surprenne pas à poster cette photo sur Face-de-Bouc ou je t'arrache les bijoux de famille!». Bon. On utilise peut-être des mots plus décents, car une princesse sait s'exprimer, quand-même. Mais on le pense bien fort. J'ai compris qu'une princesse digne de ce nom sait croquer au vif l'instant parfait, quitte à se faire justice elle-même à coups d'égoportraits. La princesse sait manier le mobile à grands clics comme une pro. Oui, l'action a une connotation égocentrique, mais le selfie, c'est avant tout l'art se débrouiller soi-même pour obtenir un angle, une vision. Traiter une princesse de superficielle parce qu'elle n'aime pas avoir le toupet tout croche sur une photo, c'est oublier que la superficialité n'est pas que leur lot. Être superficiel, c'est aussi sélectionner avec soin son entourage pour n'en garder que les nantis ou les bien-nés, rechercher l'attention comme un assoiffé cherche de l'eau dans le désert, ou changer de voiture aussi souvent qu'on change de slip et ça, ce n'est pas la chasse-gardée des princesses de ce monde.

Choisis un mentor ou deux ou trois…


Le mentorat est une manière fabuleuse de grandir en tant qu'être humain. La véritable princesse a compris ça et s'entoure des meilleures personnes POUR ELLE. Et le «pour elle» est primordial ici. Un mentor, c'est cette personne qui t'aide à avancer vers tes buts car elle a quelque chose à t'apprendre, que ce soit dans ta vie professionnelle ou personnelle. Il doit être assez neutre pour te mettre sous le pif tes faiblesses, mais assez proche pour que tu lui fasses confiance. J'ai deux mentors: Une au bureau et un à l'extérieur. Ma mentor au travail est le summum de la compétence. Elle m'aide à apprendre à m'organiser mieux, à perfectionner mes projets, à mieux calculer leurs bénéfices et à moins claquer des genoux. Mon mentor «vie privé», quant à lui, m'apporte une montagne de bonheur en me poussant à dédramatiser, à aimer mieux, à réévaluer mes priorités, à créer. Il me pointe parfois le ridicule de mes hésitations et m'aide à me taire quand j'ai envie de me plaindre. Les deux feront de moi une bien meilleure princesse, plus solide et moins fermée d'esprit, c'est l'évidence. Si tu veux accéder au ciel, il faut t'outiller pour mieux gravir les nuages.

Fais un pied de nez inattendu à la planète entière


Pourquoi toujours faire ce que l'on attend de nous? N'y a-t-il rien de plus grisant que de briser les conventions au moment opportun et faire une grosse grimace sale et grossière à l'univers en entier? Les princesses maîtrisent l'art de l'inattendu, et ce, sans effort. Même si on tentait ici de chasser le naturel, il reviendrait toujours au galop. Elles font des choses spontanément parce que ça leur chante, faisant fi des «tu devrais» et des «tu ne devrais pas». Je me rappellerai toujours de ce jour où, à Bangkok, j'ai décidé d'aller diner dans un restaurant péruvien, parce que j'avais envie d'un bon ceviche et d'une Cusqueña [3]. Pourquoi devrais-je manger thaïlandais en Thaïlande si j'ai envie de péruvien? Bah! Tu te dis qu'en Thaïlande on fait comme les Thaïlandais? C'est ce que je fais, come on: Je fais comme un Thaïlandais qui a envie de manger de la bouffe péruvienne. On pourra dire que ta «princess attitude» atteindra de nouveaux sommets le jour où tu ne trouveras plus tes propres élans de non-conformité bizarroïdes. Et à partir de ce jour, tu boiras du champagne dans des red solo cups en te disant: «Au diable les conventions! Amusons-nous, bonté divine!»

Bois des bulles à toutes les occasions possibles


Oui, que ce soit dans des red solo cups à la Toby Keith [4] ou dans flûtes fancy en cristal de Bohème, des bulles, c'est amusant en tout temps. Ça rend joyeux. Ça fait pétiller les papilles et les pupilles. Ça se marie bien avec n'importe quoi (bon, ok, pas avec les chips au ketchup ni avec un hot-dog vapeur, j'avoue). Une bonne princesse qui se respecte boit des bulles beau temps mauvais temps, profitant de la panoplie d'occasions qui lui dictent l'envie que coule dans ses veines une touche d'effervescence. Moi, c'est du prosecco, ma bulle de prédilection. La vie est un prosecco, pourquoi pas? Tenir une flûte remplie de bulles, c'est élégant en main, et le secret à ne pas répéter, c'est que ça coûte comme n'importe quelle banale coupe de vin. Même pas besoin d'être riche pour s'en mettre plein la gueule et être «happy new year» à l'année. Tu peux faire ta princesse tant que tu veux sans te ruiner. C'est beau la vie, non? Babette la baleine [5] serait d'accord avec moi, je parie.

Sors en talons en plein hiver


Oui, c'est un secret de Polichinelle, les princesses raffolent des pompes époustouflantes, été comme hiver. Ça fait partie de leurs gênes, probablement. Aussi, elles vivent comme moi un tout petit peu dans le déni des intempéries, pour les besoins de la cause. Ça arrive donc de les voir s'échouer sur un trottoir glacé noir en talons de quatre pouces, comme si c'était le comble de la normalité. Elles peinent à tenir debout, elles se concentrent pour ne pas se péter la margoulette tout de go et tendent les bras comme un équilibriste qui vient de se rendre compte qu'il vente tout en haut. La chaussure devient alors un accessoire hivernal des plus essentiels, et le talon, le glaive royal. Si tu es adepte du talon d'hiver, tu es une princesse, il n'y a pas de doute possible. Seules les filles débordantes de «princess attitude» peuvent encore être élégantes et pleine de swag perchées sur leur piédestal à talons sans chanceler sur une plaque de glace.

Lis beaucoup, lis partout


La lecture ennoblie. Aussi, une princesse digne de ce nom traine toujours de quoi sustenter son besoin de lecture dans son sac ou sa valise. Face à l'ennui, elle lit. Face à l'adversité, elle lit. En voyage, elle lit. En pause repas, elle lit. Il n'y a rien de plus relaxant que de lire de vieux classiques russes, le cul bien calé sur une plage du bout du monde, la pédicure vermeille luisant au soleil. De plus, les princesses aiment la sensation inégalable du papier et des pages que l'on tourne du bout des doigts. Fuck le numérique! Elles ont une faiblesse pour les bibliothèques bien garnies dont le contenu disparate s'expose en véritable exhibitionniste. Dis-leur ce que tu lis et elles sauront qui tu es. Ça fait peur en chien, quand on y pense!

Voyage dans des endroits exotiques


Les princesses se plaisent à découvrir le monde... à leur manière. Elles sont friandes de contacts inopinés avec une nature généreuse et foisonnante, et recherchent des petits cocons paradisiaques pour s'y laisser choir et ainsi décrocher du vilain monde des humains usés à la corde par le stress quotidien. Aussi, les voyages princiers ne sont pas réservés qu'aux Rockefeller de ce monde. Si on sait bien choisir, si on est ingénieux et si on a un brin d'audace, il est possible de trouver des petits coins de paradis délirants où l'on peut séjourner pour un tarif indécemment bas. Je t'en partage un, dis, un de mes secrets de princesse? D'accord, si tu insistes, ouvre bien tes yeux et retient ce nom, à trois, deux, un, tadam: Le Alam Shanti [6], à Ubud, Bali (je dis ça, je dis rien...). Tu y séjournes une fois et tu ne voudras plus retrouver ta vie d'avant, je t'en passe un papier. C'est addictif comme la caféine... mais ça ne bousille pas ta santé. Si c'est pas beau, la vie de princesse, hein?

Cuisine


Ça peut sembler simpliste, mais on est pas mal ce que l'on mange, dans la vie. Et les princesses se font du bien au corps et à l'âme avec la bouffe au lieu de se châtier. La cuisine est une manière de se faire plaisir en sachant ce que l'on ingère, en plus d'être l'exutoire parfait aux angoisses de tous les jours. Les princesses aiment beaucoup parsemer leur vie comme leur assiette d'ingrédients secrets qui font toute la différence. Elles ont des ingrédients chouchous: La coriandre, le sirop d'érable, le lait de coco, le citron... Elles raffolent des tartares, des sushis, des caris, du pain d'épices et de la granola. Elles aiment le zeste d'orange confit trempé dans le chocolat, le pudding au riz noir et le thé matcha au lait. Elles ont un chef préféré à qui elles ont juré fidélité à la vie, à la mort et ont compris que l'art et la cuisine étaient des membres d'une seule et même famiglia.

Cours après tes rêves


Nos rêves sont des p'tits vites. Eux-autres, ils ont clairement compris dans quel monde de fou on vit et peuvent facilement se faufiler et nous glisser entre les doigts comme de l'eau courante. Ils sont habitué à performer, et nous devancent toujours de dix kilomètres au moins. Une princesse a beaucoup d'attachement pour ses rêves. Elle les chérit comme des diamants rares et au lieu des les embrigader dans des idéaux inatteignables ou de les cloisonner dans des espérances à n'en plus finir, elle les laisse courir et se nourrir de notre univers, tout en continuant de les poursuivre à qui mieux-mieux. C'est un excellent exercice, la chasse aux rêves! Ça fait fondre les bourrelets et ça muscle notre popotin. Elle en attrapera certains et en laissera d'autres filer en douce, mais on ne pourra jamais lui reprocher de ne pas avoir essayé de saisir le jour. Carpe Diem. Rêver, c'est fantastique. Espérer, c'est grisant. Agir, c'est mieux.


Tu te dis sûrement que ces dix points n'ont rien à voir avec la vie princière telle que tu la connais, et que je ne suis qu'une insignifiante wannabe en manque de palpitations. Et alors? Je te l'ai dit: Mon royaume est à mon goût, pas à celui du voisin, et j'en suis la seule maîtresse, gnan gnan gnan. Si mes clés ne te conviennent pas, mais que tu souhaites tout de même vivre en grand, il n'en tient qu'à toi de trouver tes propres laissez-passer vers le firmament, et tu n'auras alors rien à envier à la duchesse de Cambridge. L'auteur Bertrand Vac a dit que «le luxe est une habitude qui se contracte facilement.»... Surtout le luxe d'être soi-même en tout temps, envers et contre tous. À la fin, on incarnera la princesse que l'on aura méritée.


[1] vlimeux = mot québécois signifiant rusé ou malin.


[2] cinéastre et acteur italien oscarisé.


[3] marque de bière péruvienne.


[4] Chanteur country américain qui chante «Red Solo Cup»


[5] Personnage d'une comptine de Passe-Partout, et qui fait de biens belles bulles.


[6] http://www.alamindahbali.com/alam_shanti.htm



| par La vie est un piment

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