«Si je n’avais qu’un seul regard à poser sur le monde, ce serait sur Istanbul.» (Alphonse de Lamartine)
J'ai besoin de vous raconter mon Istanbul. Ma Byzance. Ma Constantinople. Mon grand amour. J'ai envie de vous faire palpiter au rythme de la ville la plus sexy au monde, de vous la faire goûter, de vous la faire vivre. Je veux vous la montrer en photos avec le profond désir de vous y inviter comme à la maison, car Istanbul, c'est chez moi. À chaque fois que j'y pose le pied, la ville m'habite, m'embrasse et me couve comme une petite qui revient au bercail après une trop longue absence et qui retrouve son douillet nid. Istanbul est à l'image de ses habitants: Généreux, accueillant, intriguant, sucré et spirituel. Il est aussi bienveillant et allumé et vit en plein paradoxe, confortablement en équilibre sur modernisme et traditionalisme. Istanbul est un homme avec une barbe de deux jours, la chevelure hirsute et le regard ténébreux. Miam.
Prénom: Marie-Eve (ou Meryem Havva, en turc)
Profession: Rêveuse professionnelle (et auteure de La vie est un piment)
Ma mise en contexte
J'ai eu un coup de foudre pour Istanbul avant même de l'avoir visité, à-travers les délicieuses lectures empreintes de mystère des gros bouquins d'Orhan Pamuk [1] dont je me délectais à l'adolescence et qui éveillaient en moi cet élan de curiosité inassouvissable me caractérisant toujours aujourd'hui. J'ai mis les pieds in the bull pour la première fois à l'été 2008 pendant une canicule monstrueuse. À la seconde où je foulai le sol de l'aéroport Atatürk, je sus que cette sensation d'énamourement allait me rester en bouche à tout jamais. Déjà, une ville à califourchon sur deux continents, l'Europe et l'Asie, ça m'inspirait un magnifique métissage de cultures et d'influences. Depuis, j'y suis allée une dizaine de fois, chaque nouveau voyage me rapprochant un peu plus des bouillantes émotions de la mégalopole. J'en suis folle à lier, Istanbul m'a «brainwashé». C'est la ville de ma vie. Voilà pourquoi je me réserve le privilège de concocter moi-même ce «passeport pour». Je n'aurais pu supporter que quelqu'un d'autre le fasse à ma place, s'appropriant MES lieux, MES souvenirs, MA cité.
Destination facile ou difficile d’accès?
Réservations, visa et accessibilité
Istanbul est facile d'accès. Les citoyens d'une panoplie de pays peuvent se procurer un visa via internet [2], ce qui rend le processus d'entrée plus fluide. On peut arriver en ville par l'Asie ou par l'Europe, selon ses préférences, que ce soit en train (gare de Haydarpaşa en Asie ou gare de Sirkeci en Europe), en bus (centrale de Harem, en Asie ou centrale de Bayrampaşa en Europe) ou en avion (aéroport Sabiha Gökçen en Asie ou aéroport Atatürk en Europe). Je sais, ça semble compliqué, mais une fois qu'on a compris comment la ville est divisée, ça devient limpide comme de l'eau de roche. En ville, on peut se déplacer en métro, en tramway, en bus, en traversier et en taxi à un prix raisonnable. La Istanbulkart [3] est une carte rechargeable qui est utilisable dans la plupart des moyens de transport. Je vous conseille d'en acquérir une et de la recharger au besoin. Une fois qu'on essaie le transport en commun à Istanbul, on ne peut plus s'en passer. Ça devient aussi addictif que le café turc.
On peut réserver des excursions en ligne ou via les multiples agences de voyages qui parsèment la ville, ou simplement se laisser porter par les rues millénaires sans rien planifier. Se perdre à Istanbul fait de toute façon partie de l'expérience d'y être et constitue une porte grande ouverte aux découvertes les plus magiques.
Information disponible avant le départ
La toile regorge de sites qui décrivent les alléchantes attractions d'Istanbul et il est aisé de savoir où bien (et mal) manger, où faire ses achats, quelles sont les arnaques à éviter, quels sont les traits culturels les plus marqués de la région. Istanbul et son bagage historique existe aisément à portée de clavier. On peut s'initier à l'Islam, histoire de s'ouvrir à ce que l'on s'apprête à découvrir. On peut aussi se taper les livres: «Istanbul, souvenirs d'une ville» de Orhan Pamuk, ou «Une vie sur le Bosphore» de Irfan Orga, et ainsi lever le voile sur un Istanbul plus poétique. Pour le reste, il y a le bon vieux guide du Routard qui peut te souffler quelques tuyaux en fonction de la taille de ton portefeuille.
La langue
Je parle le turc. Du moins j'essaie. J'ai décidé de m'y mettre suite à un court séjour en 2010 avec ma sœur. C'est à ce moment que je suis littéralement tombée sous le charme de cette langue d'une incommensurable beauté. Il faut savoir que le turc n'est pas une langue indo-européenne. Il domine l'une des branches phares de la famille turco-mongole et s'avère un casse-tête d'une douce complexité. La langue, bâtie comme un poème infini, agglutine ses particules l'une après l'autre et il en résulte des phrases entières d'une somptueuse musicalité clouées entre les frontières d'un seul mot. Le turc est probablement la langue la plus métaphorique qui soit. Une langue truffée de «i» sans point ne peut qu'être une grisante aventure! Aussi, pour la comprendre, il faut s'exercer comme un alpiniste. Un guide linguistique est de mise, ça et un excellent sens de l'humour, l'anglais n'étant pas encore si répandu dans la cité.
On dort où à Istanbul?
Chaque quartier stambouliote offre une expérience authentique et il existe un éventail de possibilités. On peut trouver des appartements à louer avec vue sur le Bosphore, des petites chambres d'hôte super chouettes au cœur de la vieille ville, des établissements débordants de luxe ou des boutiques-hôtels charmants. Pour un premier séjour, on aime habituellement être près des lieux touristiques les plus prisés, pour pouvoir s'y rendre à pied. J'ai toujours eu un faible pour l'hôtel Şebnem [4] et ses petits déjeuners divins sur la ravissante terrasse donnant sur la mer de Marmara, même si l'hôtel n'est pas pour les budgets serrés. Il est situé au cœur de Sultanahmet, le quartier de la Mosquée Bleue, de Sainte-Sophie et du palais de Topkapı, et à une mini marche de santé du Grand Bazar et de la Citerne Basilique. Sinon, je raffole de l'Hôtel Adora [5], dans le quartier de Sirkeci, juste en fasse de la station de tramway Gülhane. C'est un minuscule hôtel avec un service hors-pair. Plusieurs membres du personnel sont devenus des amis et même s'ils n'y travaillent plus maintenant, je les revois à l'occasion avec joie pour une pinte d'Efes ou un narghilé parfumé.
Bien entendu, Istanbul est obèse morbide, avec plus de douze millions d'habitants. Si tu cherches à t'éloigner un peu des lieux touristiques, le quartier d'Üsküdar, mon préféré, est tout indiqué pour faire tes recherches de logement. Tu peux en prime zyeuter la stoïque tour de Léandre en prenant un thé sur la rive du détroit. Ce bourg est situé du côté asiatique et tu peux t'y rendre en Marmaray, le train rapide passant dans le tunnel sous le Bosphore. Sinon, le quartier de Beşiktaş, tout près du palais de Dolmabahçe, côté européen, est moins affublé par la horde de touristes en délire que le sont Sultanahmet et Sirkeci. Ça peut être un excellent compromis. Beyoğlu est aussi une option intéressante si tu aimes veiller tard et que tu n'as pas peur du brouhaha incessant.
Les moments marquants de mes voyages
La bouffe
Je me demande comment je vais te transmettre ce qu'évoque gustativement parlant cette ville pour moi sans verser un torrent de larmes de nostalgie. Istanbul, porte des mille et unes nuits, est une douce transition entre deux continents, avec d'un côté la Thrace et de l'autre, l'Anatolie, et on sent bien l'influence culinaire des deux forces. Que pourrais-je en dire sauf que la ville se déguste? Pour un diner entre amis, j'aime follement aller au Albura Kathisma [6]. C'est l'endroit idéal pour une joyeuse soirée de rakı et de mezze. J'y prends toujours le enginarlı tavuk, un décadent plat de poulet en sauce qui fond littéralement dans la bouche. Pour un petit déjeuner typiquement turc, on va plutôt au Çınaraltı, à Çengelköy, un endroit prisé de la métropole, pour y savourer une menemen [7] en plongeant les yeux dans le bleu Bosphore. Pour une pâtisserie, c'est à Çiğdem Pastanesi [8] où je me réfugie, principalement pour la tarte aux fraises, véritable orgasme pour les papilles, que j'arrose d'un bon thé turc bien costaud. Et si j'ai une envie folle de baklavas, le meilleur endroit à Istanbul, c'est chez Hafız Mustafa [9], un lieu mythique. Pour un snack sur le pouce, je trouve une succursale de Simit Sarayı et j'engouffre un simit à la tomate et au fromage blanc. J'ai une addiction grave à cette spécialité et c'est immanquablement la première chose que je mange quand j'arrive en sol turc. Sinon, l'option d'un bon sandwich au maquereau (balık ekmek) au pont de Galata, c'est un classique qui fait saliver comme un Saint-Bernard. Si tu préfères les sucreries, tu peux aller au bazar égyptien acheter des loukoums, ou entrer dans une des succursales de Koska [10] pour en attraper une boîte au passage (pisst, les meilleurs sont à la pistache et à la grenade).
Je suis accro aux kumpir toutes garnies d'Ortaköy, qu'on déguste à l'ombre du pont du Bosphore, je suis raide dingue des ıslak burgers du Bambi Café (ce sont des petits pains cuits vapeur farcis d'une saucisse épicée), et je ne peux cesser de rêver aux limonades à la menthe de The House Café [11]. Si je décide de me promener en ferry sur le Bosphore, j'aime faire un arrêt au quai de Kanlıca pour me bourrer la fraise d'un yogourt au miel local. Si tu ne le savais pas, je te l'annonce: Le yogourt est une invention turque. Il est épais, aigre et soyeux et se marie divinement avec l'univers en entier. Et si tu n'en as pas assez de bouffer tout Istanbul, il y a aussi la glace au mastic, le café turc, dont le dépôt de marc sert à nous lire la bonne aventure «gipsy style», les feuilles de vigne farcies, les köfte, les châtaignes rôties et le maïs grillé, le künefe (parsemé de pistaches hachées et de crème fraîche), la boza, le salep bien chaud et le kürü fasulye que l'on déguste en hiver sur du riz, juste devant la mosquée de Süleymaniye. J'arrête ici, sinon je vais prendre des kilos par procuration.
Mes endroits favoris
Tout ce qui est près de l'eau m'enchante, à Istanbul. La ville est enclavée entre la mer de Marmara et la mer Noire et déchirée comme un jeans à la mode par le Bosphore et la Corne d'or. Istanbul dérive sur un radeau. L'eau l'entoure et en vient à définir sa nature. Les Stambouliotes savent tellement profiter de leurs rivages, qu'ils ont parsemés généreusement de terrasses, de cafés, de miradors, de lieux pour pêcher. On dirait que tout le monde pêche dans cette ville! On peut prendre un traversier le week-end et partir à l'aventure aux Îles des Princes (Adalar) pour faire un pique-nique. On y loue de belles bicyclettes vintage pour explorer les îles, on se prélasse simplement sur une plage ou on y boit tranquillement le thé en compagnie des mouettes. La sublime balade coûte une bouchée de pain.
Si on est fana de foot, Istanbul compte cinq équipes de soccer en première division, dont trois majeures: le Galatasaray (ou les lions, mon équipe turque pref) Beşiktaş (l'aigle noir, l'équipe pref de presque tous mes amis, misère) et la plus populaire de Turquie: le Fenerbahçe (les canaris. Pas très viril, avoue.). L'ambiance dans les stades est complètement délirante et je n'ai jamais rien vu de tel ailleurs. La rivalité est intense, les tifos spectaculaires et on ne lésine pas sur la pyrotechnie. Si assister à un match nous est impossible, il est tout aussi agréable d'aller dans un café le regarder avec les locaux, tout en fumant un narghilé. L'endroit tout indiqué pour fumée la pipe à eau est Tophane (c'est aussi un arrêt sur la ligne de tramway en direction de Kabataş), où l'on retrouve une panoplie de petits cafés colorés et chaleureux où s'asseoir et passer un bon moment.
Si tu as envie d'un bon spectacle, le Cemil Topuzlu Açıkhava Tiyatrosu, à Harbiye, est l'endroit parfait, avec ses airs de théâtre grec à ciel ouvert. J'y suis déjà allée voir chanter Tarkan, et ce fut mémorable. Tous les grands y passent: Nil Karaibrahimgil, Sıla, Teoman... Ou préfères-tu le nightlife endiablé? Si c'est le cas, le Bosphore est truffé de boîtes reconnues mondialement. Passes-y une seule soirée et je te garantis que tu vas perdre aussitôt tes préjugés sur le conservatisme apparent de la ville. Si tu es plus de type «nature» et que tu cours les couchers de soleils à croquer au vif, c'est sur la colline de Çamlıca que ça se passe. L'endroit est idyllique, romantique, féérique, et tous les -iques qui te titillent l'esprit. C'est parfait pour une demande en mariage. Je dis ça, je dis rien, remarque, et tu n'as pas besoin de passer le mot à ton copain pour autant (gros clin d'œil). La tour de Galata ne donne pas sa place non-plus, avec sa vue absolument époustouflante sur le palais de Topkapı et toutes les mosquées les plus imposantes. Malgré tant de splendeurs, ma mosquée favorite reste Rustem Pasha, qui se tient en retrait dans le quartier d'Eminönü, tapis dans une rue sans chichis. Elle a un panache fou et regorge d'histoire.
Le magasinage
Je ne passerai pas par quatre chemins: Istanbul est la Mecque des emplettes, le paradis terrestre du magasinage. On y trouve des bijoux extravagants, l'or se transigeant encore au poids au Grand Bazar. Les marchés sont parfois un prétexte pour mettre la main sur des imitations de toutes sortes: Sacs à main, vêtements, chaussures, parfums, mais ils sont aussi remplis de denrées magnifiques: Melons, mastic, dattes, figues, oranges, fromages... Bien que le Marché du mercredi de Fatih soit le plus célèbre, mon favori reste celui de Fındıkzade, ayant lieu le vendredi et accessible par tramway via la station du même nom. Il est bigarré à souhait et embaume de parfums d'épices et de fleurs de saison. Je suis aussi fidèle à une petite savonnerie s'appelant Home Spa [12] et qui a pignon sur rue dans le «quartier de la musique», à la sortie de la station Tünel sur le chemin vers la tour de Galata. Leurs savons à l'huile d'olive sont raffinés et délicats.
Si tu préfères les grandes surfaces pour faire des emplettes, alors là, Istanbul, c'est ta place inespérée. Je pourrais te parler de dizaines de centres commerciaux qui s'incrustent dans la ville ça et là, mais je me contenterai ici de quelques uns. D'abord, il y a toute l'avenue Istiklal, célèbre et bondée. J'y vais parfois pour une balade de fin de soirée, entrant dans une boutique ou une autre au gré de mes inclinaisons. Si tu préconises le gros luxe scandaleux, le meilleur endroit, c'est Istinye Park [13]. Toutes les grandes marques y trônent, Gucci, Prada, Chanel..., mais tu peux y bouffer un bon McDo juste à côté; c'est bien fait, la vie des gens riches et célèbres. J'adore Istinye, car on peut y faire de belles trouvailles. Si tu préfères courir les entrepôts, Viaport [14] est pour toi. Il s'agit d'un centre commercial constitué entièrement d'entrepôts. Là, en plus des économies à faire, on y trouve des marques connues plus abordables. Si tu as plutôt la folie des grandeurs, c'est Cevahir [15], le plus grand centre commercial d'Europe que tu dois choisir. Sinon, tu as Capitol[16], Forum Istanbul [17], Forum Marmara [18], alouette... Bref, amène ton portefeuille BIEN garni ou abstient-toi à jamais de boire de cette eau. C'est un jeu dangereux que de dévaliser les magasins par un jour de pluie...
Ce que j'ai trouvé plus difficile là-bas
La censure
En Turquie, il y a de la censure. Aussi, il est préférable d'éviter les sujets chauds comme le génocide arménien, les revendications kurdes (Kurdistan est un mot tabou), et la pornographie. Les sites internet sont censurés, et on ne peut y retrouver que ce que l'État considère approprié. La presse n'est pas libre et plusieurs journalistes se font emprisonner lorsque le discours officiel n'est pas rapporté selon ce qui a été entendu. Pour la défenderesse des droits et libertés que je suis, c'est difficile de faire abstraction de tout cela, de jouer à l'autruche ou de tenter d'ouvrir le dialogue en privé avec les gens que je connais. Eux-mêmes ne se sentent pas toujours à l'aise d'en discuter. Comme on le dit si bien: Rien n'est perfection en ce monde. Pas même ma ville, ma deuxième peau, ma maison des grandes occasions. Je refuse d'accepter la censure, mais je dois me faire à l'idée que je ne la contrôle pas.
La sécurité
La Turquie est stable dans son instabilité. Istanbul reste une ville moyen-orientale qui vit les contrecoups des guerres des pays voisins. Il a accueilli moult migrants depuis la nuit des temps, et a vécu ses propres révoltes intestines. On a toujours l'impression qu'Istanbul se pète un genou, puis se relève pour continuer de marcher en clopinant. Il n'en reste pas moins que l'on doit éviter les foules importantes, et suivre les conseils des locaux. Si eux ne rient pas de la situation, pourquoi le ferions-nous? Cela dit, je ne me suis jamais sentie en danger à Istanbul, malgré tous les remous par lesquels la ville a pu passer.
Le mot de la fin
Je le laisse à Teoman qui chante si bien l'automne à Istanbul (cliquez ici).
«Mevsim rüzgarları ne zaman eserse o zaman hatırlarım, çocukluk rüyalarım, şeytan uçurtmalarım
Öper beni annem, yanaklarımdan, güzel bir rüyada sanki sevdiklerim hayattalarken hala
akşama doğru azalırsa yağmu Kız kulesi ve adalar
Ah burda olsan çok güzel hala İstanbulda sonbahar
[1] Orhan Pamuk, Prix Nobel de Littérature 2006.
[2] Achat du visa de touriste: https://www.evisa.gov.tr/fr/
[3] http://istanbulaccueil.org/les-transports/istanbulkart/
[4] Hotel Sebnem: https://fr.tripadvisor.ca/Hotel_Review-s1-g293974-d296014-Reviews-Hotel_Sebnem-Istanbul.html
[5] Hôtel Adora: http://www.adorahotel.com/
[6] Albura Kathisma : http://www.alburakathisma.com/en/
[7] omelette turque
[8] Çiğdem Pastanesi: http://www.cigdempastanesi.com/
[9] Hafız Mustafa: http://www.hafizmustafa.com/
[10] Koska: http://www.koska.com/tr
[11] The House Café http://www.thehousecafe.com/
[12] Home Spa: https://www.facebook.com/homespadeluxe/
[13] Istinye Park: http://www.istinyepark.com/en
[14] Viaport: http://www.viaport.com.tr/?dil=en
[15] Cevahir: http://www.istanbulcevahir.com/en-EN/home/29.aspx
[16] Capitol AVM: http://www.capitol.com.tr/
[17] Forum Istanbul: http://www.forumistanbul.com.tr/
[18] Forum Marmara: http://www.marmaraforum.com.tr/