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Ceci n'est pas une carte de Saint-Valentin...


«La différence entre religion et secte est la même qu'entre érotisme et pornographie. Chacun en parle mais personne ne la connait.» (anonyme)


Avertissement: Dans ce texte, j'appelle un chat un chat... et une chatte une chatte.


Aujourd'hui, je n'ai pas envie de te parler de Saint-Valentin, mais je vais le faire quand-même, à ma manière, même si la planète entière te saoule pendant vingt-quatre heures avec les cœurs en chocolat, les douzaines de roses que l'on se doit d'offrir ou de recevoir gentiment et ce, même si on n'a pas de pot de fleurs à la maison, et les déshabillés que quelqu'un aura choisi pour toi sans te demander si tu ne préfères pas plutôt le look «pyjama mou» et pantoufles coussinées. Déjà, la fête de l'amour et de l'amitié a perdu de son panache avec les années et elle est maintenant bien loin, l'époque où les enfants s'envoyaient des cartes de Saint-Valentin taillées dans du papier de couleur sur lequel on avait griffonné des «tu es une bonne amie» et de «veux-tu être mon chum?». En ce quatorze février, je préfère vous parler de cul, ou de partie de fesses, si tu es plus soft et que les mots te font peur. De mauvais sexe, en fait, bien que ce soit relatif. Parce que le bon sexe, tout le monde en parle tout le temps, et parce que c'est moins intéressant. On dit au Québec que si on fait un toast sans regarder l'autre dans le blanc des yeux, on récoltera sept ans de mauvais sexe. Sept ans! C'est long en titi! Et comme ça nous arrivera tous un jour où l'autre d'oublier de zyeuter en toastant, aussi bien se préparer mentalement à affronter la guigne. Aujourd'hui, 14 février, tu boiras peut-être un p'tit verre de bulles, donc aussi bien faire ça «drette» là. On n'est jamais trop prudent. Voici ce que tu pourrais bien trouver dans ton lit.

Les autosexuels


Un autosexuel, c'est une personne qui n'a besoin que de ses deux mains et de son imagination pour se satisfaire les pulsions. Oui, ça existe bel et bien, crois-moi sur parole, et ce ne sont pas juste des laiderons qui ne pognent pas. Certains ont peu de besoins sexuels, en vérité. Ils sont au point neutre en permanence, et quand le baromètre s'adonne à vaciller, ils ne sont jamais mieux servis que par eux-mêmes. On connaît tous au moins une personne dans son entourage qui ne semble ne s'intéresser ni aux hommes ni aux femmes ni aux mangas pornos et qui ne démontre pas d'intérêt pour les cinquante nuances de gris ou de quelque autre couleur à la mode. L'autosexuel ne suit pas du regard la démarche aguichante d'un tel ou d'une telle, ne reluque pas les culs bombés, les abdos découpés et les poitrines saillantes, n'a pas envie de lèvres pulpeuses ou de frotter son visage dans la barbe hipster de chose bine (je le comprends, d'ailleurs. Moi non plus ça ne me branche pas trop, le style lumber). Si jamais il t'arrivait d'avoir un rancard avec un autosexuel, je te conseillerais d'avoir un plan B, côté bagatelle, parce qu'il ne risque pas d'avoir trop trop envie d'aller au pieu, même après deux bouteilles de vin fancy et bien des huîtres et autres trucs aphrodisiaques. C'est des choses qui arrivent, mon chou. Il n'y a pas toujours incendie à Rio et on n'a pas tous le zizi en feu de la même manière.

Les voyeurs

Bon. Il y a une certaine différence, tu en conviendras, entre ce que j'appelle le voyeurisme récréatif et le voyeurisme professionnel. Le voyeur récréatif, c'est celui qui s'amuse un brin à observer en catimini ou sans même se cacher, c'est selon, son ou sa partenaire en petite tenue ou dans sa nudité la plus entière du genre «tout nu même pas de bas». Le professionnel, lui, c'est celui qui sans aucune subtilité te traque, même dans les moments les moins propices à la sensualité... comme par exemple, quand tu vas faire un beau gros pipi dans la cuvette. Souvent, le voyeur abusif vient avec une certaine précocité dans l'éjaculation, tandis que la voyeuse se délecte particulièrement (soupirs) de chorégraphies «coupe-envie» qui écrabouillent l'égo du fameux danseur en herbe. Parce que se «shaker le bonbon», quand on est pas Ricky, en plus de causer des tours de rein, lesquels ont une influence directe sur la performance au lit, on ne se le cachera pas, peut aussi faire croître de malheureux complexes. Personnellement, et sans trop t'en dévoiler (même si je sais que tu n'es pas voyeur, toi, hein?), me faire scruter à outrance dans mes plus mauvais angles, ça ne m'émoustille pas trop. Oh! On dit qu'il faut pourtant apprendre à s'accepter dans tous ses angles pour être heureux, même les pires... Moi je dis que la crème glacée, même si c'est bon pour le moral, c'est vraiment pas bon pour la santé, pareil. Bref...

Les éternels insatisfaits


Quand notre partenaire est un éternel insatisfait, on passe un mauvais quart d'heure. Tic, tac... Tic, tac... Déjà, au lit comme dans la vie, ça donne des conversations bizarres. On n'orgasme jamais assez (on est frigide) ou on orgasme toujours trop (on fake), on n'est pas assez willing ou on est un peu trop aventureux, on le fait trop souvent ou pas assez, on devrait utiliser des sous-vêtements blancs, des fuck me boots, un mankini, du rouge à lèvres écarlate, changer de couleur de cheveux, porter des bobettes qui te squeezent le paquet, au lieu de boxers. L'éternel insatisfait veut qu'on lui morde le lobe d'oreille, qu'on lui susurre des mots doux ou des saloperies de première qualité, il aime les femmes fines comme des asperges, elle aime les torses épilés. Le lit devient un garage et on y pratique une mécanique bien huilée, qui ne mène pourtant que peu de fois au nirvana tellement on a la tête pleine des «quoi faire» et des «quoi ne pas faire». On a l'impression de se faire «pimper» notre ride en permanence, en d'autres termes, et d'être toujours un projet en évolution qui a peu de chances d'aboutir. L'éternel insatisfait a une idée idyllique des relations charnelles et il butine beaucoup, véritable abeille obsédée par une seule idée: Produire un miel d'une pureté rare, un miel de Pitcairn, tiens. Je ne suis pas un pot, je n'ai pas besoin d'être remplie de miel, un point, c'est tout! Bon... Tu penses au coït, là, en lisant cette phrase? J'sais pas pourquoi... Maudit cochon!

Les «anti tout»

Les «anti tout», ce sont les stuck up et les saintes-nitouches de ce monde. Au lit, ils ne sont pas évidents à manipuler (dans le sens de toucher, là!). Il faut les comprendre, les saisir, parfois dans leurs non-dits et leurs contradictions. Les antis ne mettent pas leur bouche en bas de la ceinture, même pour tout l'or du monde. Dans leur livre, l'expression «par en arrière» signifie par la porte patio. Ils ont une aversion pour les pieds (ne leur montre pas tes pieds, OMG, si tu veux une relation sexuelle ce soir!). T'es mieux de connaître ça, les préliminaires, si tu tiens à ta vie. Et si tu es trop membré, tu es mieux d'être convainquant pour avoir accès au parking, parce que les gros chars, ça pollue (sauvons la planète, come on!) Ces super spécimens d'individus ont comme un gigantesque arrêt stop de peint en plein visage. Si c'est pas un turn-off, je me demande ce que c'est! Ce qu'il faut surtout retenir, c'est que les «anti tout», ils sont aussi «pro rien». Si tu t'attends à avoir ton mot à dire dans le scénario de l'histoire que tu t'apprêtes à vivre, tu crois probablement au Magicien d'Oz, pauvre toi.

Les hypocrites


Ah! Les maudits hypocrites du matelas! Ils sont en fait ces partenaires qui crient fort, respirent fort et te serrent les foufounes fort, tellement que tu te demandes si tu ne t'es pas métamorphosé en un dieu du sexe pendant ta sieste de l'après-midi. En réalité, ils font semblant d'avoir du plaisir d'une façon si organisée qu'on peine à croire qu'on couche avec un malhonnête. Ce n'est pas facile de déceler qui fait semblant au lit, soit dit en passant. Certains hypocrites de la cama [1] ont toutes sortes de stratégies de la mort qui tue pour convaincre le commun des mortels qu'ils sont le coup du siècle. D'autres feindront l'orgasme toute leur vie de peur de perdre la face et de la crédibilité. On croit à tort que ce sont seulement les femmes qui jouent à ce jeu machiavélique. Mais non! Des hommes font semblant de s'amuser quand ils baillent aux corneilles dans le cou de leur dulcinée d'une vie ou d'un soir. Tant qu'à baiser avec déception, aussi bien ne pas baiser du tout, man. Aussi bien devenir autosexuel et savoir quelles notes pianoter pour atteindre le septième ciel efficacement. Quoi que l'efficacité, c'est un peu moins agréable une fois le climax passé, quand tu cherches un torse pour déposer ta joue ou une poitrine pour t'accueillir. Et hypocrite au lit, hypocrite dans la vie, que l'on dit (Ok. J'avoue que je viens de l'inventer, celle-là.)

Les acteurs en herbe


Ma catégorie préférée, c'est celle des «wannabe pornstars». Pas toi? Ne me dis pas que tu ne sais pas de quoi (ou de qui) je parle! Tu sais, ces gens qui regardent trop de porn en ligne ou sur la tivi, et qui s'imaginent pouvoir répéter les prouesses les plus improbables de leurs films préférés comme ça, tout simplement, en claquant des doigts, en criant ciseaux, en deux temps trois mouvements de bassins et quelques contorsions qui ma foi, sur l'écran, n'ont pas du tout l'air d'être digne du Cirque du Soleil. L'acteur en herbe, c'est celui qui hurle toutes sortes de mots cochons en pensant que ça va exciter l'autre, c'est celui qui a les doigts baladeurs, la langue aventurière et les idées un peu croches. Il est celui qui ne s'entraîne pas, n'a pas de cardio, a une bedaine bien dodue, mais qui croit tout de même que c'est facile comme tout de se plier en quatre sans fendre de partout pour réussir à enfiler l'aiguille dans l'angle mort. L'actrice, c'est celle qui pense que sa bouche est assez grande pour envelopper bébé kangourou dans son entièreté, qui croit ne pas avoir besoin de lubri avant le frottis-frottas et qui ne mesure certainement pas sa capacité à s'écarteler comme une gymnaste olympienne faisant son programme au sol. Ça pense que c'est simple de faire «gnaca-gnaca» dans la douche sans prendre une débarque en glissant sur un savon. L'acteur en herbe, il baise mécaniquement, il ne fait pas vraiment l'amour, ou s'il le fait, c'est par intervalles, entre deux positions exotiques du Kâma-Sûtra qui leur prendront tout leur petit change. Tu peux le reconnaître aisément, car il marche souvent comme un cowboy avec des bottes trop petites, ou comme quelqu'un qui a découvert qu'il avait une entrejambe, au lendemain d'une toute première séance de cross-fit.


En vérité, le mauvais sexe, ça n'existe pas, crois-le ou non. Il n'y a que de mauvais partenaires pour gâcher la magie du lit. Lorsque la chimie existe, qu'elle prend de l'expansion pour envahir chaque pore de notre peau, chaque espace de notre cerveau et chacune de nos palpitations cardiaques, l'hypocrisie se dissipe comme les nuages après l'orage, l'acteur s'éloigne de son scénario «pornywoodien», le regard de l'autre passe du voyeurisme à la douce curiosité, on s'ouvre à la découverte, on accepte que cette parfaite imperfection nous berce, et on ne veut plus se suffire à soi-même. Le philosophe Jean Beaudrillard a déjà dit que «la séduction est de l'ordre du rituel, le sexe et le désir de l'ordre du naturel.». En terminant, rappelle-toi que la Saint-Valentin, ça devrait être à tous les jours, avec ou sans chocolat, avec ou sans sexe. Non, je n'avais pas envie de te parler de Saint-Valentin, mais dans le fond, pourquoi pas?

[1] lit



| par La vie est un piment

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