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Mon Ricardo, mon gars...


«La faim est un droit pour tous ceux qui n'ont d'autre loi que l'appétit.» (André Suarès)


Ô mon Ricardo, ô toi, mon gars, l'incontestable monarque de mes menus de la semaine, le gourou de ma cuisine en désordre, l'homme de la situation...


Ça va être court et probablement pas touchant pour un sous, mais je t'écris aujourd'hui ce billet un peu fanatique (un tout petit peu!) pour te remercier cordialement d'avoir sauvé (je ne blague pas) toute une génération, la mienne, de la faim. Hourra! Oui, tu as permis à des gens comme moi, des pros du toaster, des experts du four à micro-ondes, de se sortir du sempiternel cercle vicieux des sandwichs au beurre d'arachide et de la soupe en sachet pour s'ouvrir au couscous israélien et au semifreddo à l'orange. Il faut l'avouer, j'ai le ventre archi plein et les papilles en alerte générale grâce à ta façon de me vendre ta salade de roquette à la saucisse, de nourrir continuellement mes attentes et mon palais en effervescence à coup de décadent sucre à la crème et d'alimenter ma curiosité grandissante pour la bouffe et les mariages de saveurs. Quelle ingéniosité! J'ai appris à faire cuire un œuf au plat, je sais distinguer la mirepoix de la brunoise, de la julienne et de la macédoine, je connais les avantages de l'assaisonnement, de la fleur de sel (elle pousse où cette maudite fleur, d'ailleurs?), et tout cela grâce à toi, sans contredit l'indémodable génie des fourneaux. Tu as transformé ma vision unidimensionnelle de la cuisine en un éventail d'alléchantes possibilités à faire baver n'importe quelle bouche sèche comme un bébé qui perce ses dents. Pour te remercier, je te donnerais une bec en pincette. Smac!


Quand je me sens déprimée, je te regarde à la télé m'expliquer avec ta patience légendaire comment élaborer une impeccable sauce sans grumeaux à partir d'un fond de veau à l'air délicieux et je me sens déjà fichtrement mieux. Mais quand je la réussie ensuite à la perfection, alors là, c'est l'apothéose, bang!, c'est l'explosion de fumigènes comme dans un stade de foot en liesse, et je recommence instantanément à péter le feu, moi qui adore la pyrotechnie, en plus. Merci de m'avoir appris que la vinaigrette, c'est l'âme de la salade, et qu'il existe d'autres variétés que la traditionnelle Iceberg de mon enfance. Maintenant que j'ai compris ce précepte, je raffole de la Boston, de la romaine, des épinards et du cresson de fontaine.


Depuis que tu es entré dans ma vie par la grande porte, j'ai acheté une sorbetière, un fouet, un autocuiseur, un dénoyauteur, une mandoline, un laminoir, une friteuse... Tu es en train de me ruiner, oui monsieur, et là, il me faut un tout nouveau meuble de rangement, mais ça, c'est une autre histoire.


Merci mille millions de fois d'avoir créé des centaines de manières d'utiliser ma mijoteuse. Heille! Cette machine-là, c'est l'invention du siècle! C'est le bouton à quatre trous, la revolución, le paroxysme du pratico-pratique! Ça permet à un étudiant de pouvoir convertir illico sa minuscule chambre de résidence en un micro-laboratoire de cuisine et d'y élaborer des trucs raffinés sans avoir plus d'équipement qu'il n'en faut! Ça permet à une miss comme moi, occupée vingt heures sur vingt-quatre et vannée après le boulot, de délaisser les «Mc Machins» pour se nourrir avec de la vraie nourriture, et soudainement, le verbe manger prend tout son sens! Je mets des points d'exclamation partout mais tu les mérites amplement!


Tu ne peux pas imaginer comme nous aimons ton site web, la bible des bases, l'abécédaire des trucs infaillibles. Mon père, qui n'est pas du tout du genre à suivre des recettes, crois-moi sur parole, a même eu l'illumination divine de préparer ta charlotte aux sandwichs à la crème glacée, et si elle a été nuisible pour les poignées d'amour et qu'elle a forcé le portefeuille à perdre quelques kilos rapido presto, elle nous a franchement régalé, nous faisant aisément passer outre la monstrueuse orgie de calories. Là où il y a de la gêne, le plaisir ne fait-il pas faux bond?


Ô mon Ricardo! Un jour, j'oserai peut-être t'inviter à diner chez moi, un petit diner sans chichis (je ne fais pas vraiment dans la dentelle des accords met-vin). Je suis confiante que ça te plaise assez, tellement tu m'as rendue décente en cuisine. Bon, je mets encore de la farine partout et j'accumule les ustensiles sales dans l'évier, mais je vais tout nettoyer avant que tu arrives et tu ne remarqueras rien. Quand je t'inviterai, je te préparerai tes propres plats: une entrée bien relevée de tartare de saumon, de la pintade rôtie aux herbes sur un lit de ragoût de lentilles, et en dessert de la brioche à la cannelle (avec beaucoup trop de cannelle, je m'en excuse d'avance), des saveurs qui de toute évidence ne font pas vie commune en parfait harmonie, mais qui me réjouissent quand-même juste à y penser en me donnant envie de faire la fête. Je m'avère moi-même, de toute façon, un fille remplie de contradictions étonnantes (ok... ok... déroutantes), comme les menus que je m'applique à préparer. Mais ce sera succulent, promis, et comme en cuisine tout ce qui compte, c'est le goût, j'ose croire que tu seras très fier de moi... et de toi.


À la bouffe! À la bonne bouffe!

Envie d'une bouchée? Consultez le www.ricardocuisine.com

| par La vie est un piment

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