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Sois ton propre sugar daddy


«Avoir un sugar daddy est super! Jusqu'à ce que le temps vienne de donner du sucre à papa.» (trouvé sur Someecards)


J'ai de plus en plus l'impression que c'est passé de mode d'avoir un sugar daddy. Le déclin des ventes de voitures décapotables en est probablement l’indice le plus évocateur (c’t’une blague, bon!). Plus sérieusement, il existera toujours une catégorie de femmes intéressées à se trouver un pourvoyeur éternel, comme il existera toujours une catégorie d'hommes bien contents d'en récolter les avantages collatéraux, mais l'âge n'est devenu qu'un critère parmi une panoplie d'autres lorsque l'on cherche un ou une partenaire.

Qu’est-ce qui définit un sugar daddy, d’abord et avant tout? La différence d’âge? Certes, mais pas seulement cela. Bon, je vais mettre mon chapeau de sociologue à deux cennes pour quelques minutes, le temps d’analyser ça live avec toi. Soyons honnêtes, ce n’est pas parce qu’une fille sort avec un gars de vingt ans de plus qu’elle est une sugar baby. Parfois, l’amour ou même l’attirance sexuelle n’est pas trop regardante sur la différence d’âge. Certains hommes ont une âme plus jeune, certaines femmes l’ont plus vieille. Ces personnes finissent par se retrouver à un point intermédiaire par la force des choses, une zone confortable pour les deux et propice aux éclosions amoureuses et autres délicieuses galipettes. Il n’est pas rare de voir des femmes de mon âge, fin trentaine-jeune quarantaine, sortir avec des hommes de quinze à vingt ans de plus pour toutes sortes de raisons excepté le cash. Et c’est bien correct.


À quarante ans, bien des femmes sont indépendantes financièrement et n’ont pas besoin d’un guichet automatique vivant, tandis que beaucoup d’hommes ne cherchent pas nécessairement une midinette naïve et sans expérience en guise de blonde, mais bien une femme intéressante avec un certain vécu, des passions communes et une connaissance de sa propre sexualité. Non, ce qui fait le sugar daddy, même si c’est avant tout l’âge, c’est aussi l’intention. C’est la même chose pour la fille à papa sucre. Mademoiselle veut qu’on la gâte, qu’on la traite en star, elle veut une jolie garde-robe et des balades en voiture de luxe, des vacances dans un condo en Floride, une retouche au nez... Bon, oui, ok, je tombe dans les clichés faciles, j’avoue. C’est juste trop tentant de juger toute la patante à gosse. Mais avant tout, «she’s crazy about her Daddy, Oh, she believes in him. She loves her Daddy[1]» et ce, pour toutes sortes de raisons. Papounet y trouve clairement son compte, dans tous les sens du terme, parce que pendant que ça lève dans le pantalon, ledit compte, bancaire celui-là, débande pas mal. Madame paye en nature pendant que monsieur «passe au cash». Cha-ching. Parfois, ça peut faire saigner le portefeuille, car les sugar daddies ne sont pas tous friqués. Certains aiment simplement prétendre qu’ils sont Crésus pour en arriver à leurs fins. Bref, il existe plusieurs formes d’amour, il faut croire. Melania et Donald applaudiraient probablement très fort mon assertion.


Quoi qu’il en soit, je ne comprends pas d’où est venue cette lubie de s’embourber d’un vieux bonhomme pour en échange gagner une vie douillette. J’appelle plutôt ça un prix de consolation. C’est comme participer à «Déroule le rebord pour gagner», croiser les doigts en espérant rafler le V.U.S dernier cri... et se ramasser avec un beigne gratuit. Pouet pouet, pouet. Tant qu’à vivre comme ça et devoir tout plein de faveurs sexuelles à un type qui ne te plait pas, pourquoi ne pas simplement pousser le concept au maximum pour joindre l’utile à l’agréable? C’est un fait, une escorte occasionnelle peut choisir de meilleurs partis lorsque le coeur lui en dit, et simplement vivre en mou à regarder des petites vidéos de chats et de chiens sur YouTube le reste du temps sans devoir frencher contre son gré un papi en retour d’âge sur les pillules bleues. Il me semble que tant qu’à se vendre au plus offrant et rester pogné avec, aussi bien se donner sporadiquement à des mecs sexuellement attirants (pas juste nantis, là) et continuer sa petite vie tranquille après. Après tout, trier soi-même sur le volet avec qui on fornique contre des faveurs ET prendre son pied en prime, c’est plus agréable comme idée. Tu vas te dire : Elle fait l’apologie de la prostitution, madame Piment. Nenon. Là n’est pas mon point, mais le fait est qu’il n’y a pas qu’une seule forme de putasserie en ce bas monde. On peut se vendre pour payer son logement... ou pour se faire payer un logement, c’est selon.


Si certaines femmes sont clairement attirées par les hommes plus vieux pour d’excellentes raisons (le charme de la petite ride au coin de l’oeil, le charisme et l’aura des hommes d’expérience, l’envie d’être avec quelqu’un qui ne veut plus d’enfants, de fréquenter un gars qui te parle avec exotisme d’une époque que tu n’as pas tout à fait connue, ou le simple coup de foudre pour un être humain, comme ça arrive parfois, tsé...), d’autres préfèrent la sécurité financière et le prestige qu’apporte souvent un homme plus âgé. Ça et le côté rassurant du papa tant recherché à travers la plupart des fréquentations de ces sugar babies. Je nage dans le cliché? Peut-être, mais pour certaines, c’est ça qui est ça. Ne te méprend pas : Ça fait clairement l’affaire du gars de partager le lit d’une jeune femme au corps ferme et au ventre plat. Plusieurs d’entre eux adorent le fait de connaître des tas choses qu’une amoureuse plus jeune ignore. La candeur de la jeunesse et la possibilité de contrôler la relation les charment tout autant que cette idée de sortir avec un femme les faisant tout à coup «rajeunir» (les guillemets sont essentiels, ici, car il y a une différence substentielle entre se sentir jeune et l’être).


Qu’à cela ne tienne, ce ne sont pas tous les sugar daddies qui ont fait bon usage de leurs années de fringuance antérieures. Plusieurs sont rendus laids et bedonnants. Et chauves aussi. J’ai rien contre, c’est juste un constat. Certains ne savent clairement pas encore quoi faire de leur pénis dans un contexte d’intimité malgré toutes leurs années d’expérience à baisser leurs culottes (Ben quoi! C’est pas parce que tu as une graine que tu sais la planter comme il le faut. Combien de gens sont poches en jardinage? Parfois, ça a besoin de beaucoup d’engrais pour lever.). Les sugar daddies ne sont clairement pas tous le Richard Gere de Pretty Woman! Mais bon, tous les goûts sont dans la nature et il y a de la place ici pour de la diversité corporelle, incluant les dad bods, les mecs poilus comme des loups (parce qu’à cet âge-là, c’est plus gris loup que noir ours if you know what I mean), et les articulations qui grincent comme une porte mal huilée.


Si j’étais plus jeune et célibataire, je préférerais éviter de me faire taponner par un vieux perv, quitte à manger plus de macaroni au fromage en boîte et avoir deux jobs pour payer le loyer. Mon choix. Sans attache, par contre, je ne dirais pas non à une aventure occasionnelle avec un homme d’expérience. Même à mon âge, ce serait tentant. Après tout, pourquoi se priver de toutes ces années d’expertise au lit? Il y a fort à parier que parfois, ça vaut la peine. Ça s’applique tout autant pour les jeunes hommes intéressés par les femmes plus âgées. «Quand on se donne à une femme d’expérience, on met son innocence dans la balance», c’est pas moi qui le dit, c’est Francis Martin qui l’a chanté dans ma tendre jeunesse. Il n’y a rien de mal à ça quand la relation est consentente et que les deux partenaires se battent à forces égales. D’un côté l’expérience et le savoir-faire, de l’autre la candeur et la vigueur. De biens belles armes. Je me demande même qui a plus de chance d’attraper le Pokémon...


Tout ça pour dire que je crois qu’à notre époque, nous les filles, on est capable d’être son propre sugar daddy. On ne devrait pas avoir besoin d’attendre qu’un homme daigne nous gâter. Après tout, les hommes, eux, ne se privent pas de se faire plaisir lorsque l’opportunité se présente. Les femmes d’aujourd’hui sont capables de faire ce qu’elles veulent : Voyager seules, travailler dans n’importe quel domaine, avoir des enfants ou pas, devenir chef d’État, PDG d’entreprises majeures, ou simplement rester à la maison si tel est leur désir. Elles peuvent donc aussi s’offrir une belle voiture, de charmantes vacances au bout du monde ou un repas de tartare de saumon au resto sans pour autant devoir s’appuyer sur un homme. Et même si tu n’as pas les moyens de tes ambitions, attendre un pourvoyeur pour vivre ta vie est moins tendance. Pourquoi faire tant de compromis rien que pour un condo à Griffintown? Comme dirait ma belle-mère : Le bon Dieu est plus fort que le Diable. Bref, il y aura toujours une façon plus élégante d’arriver à ses fins que de se vendre au plus offrant.


Si de moins en moins de femmes sortent avec des hommes plus vieux pour le fric, dude, tu n’es donc plus obligé de séduire avec ton portefeuille pour attraper une belle jeune femme en pleine floraison, c’est cool, non? Mais c’est sûr que ça demande un minimum d’efforts de se promouvoir autrement, surtout si tu vises le body et l’état d’esprit de la vingtaine, et il faut faire attention à ne pas trop te «mononcliser» pendant l’exercice de drague, parce que c’est un peu plus turn-off qu’avant, vois-tu. Quoique moi, j’aime ça les gars un peu «mononcle». Je ne suis probablement pas la seule. Il y a des mononcles barbants, c’est vrai, mais d’autres sont sexys et très complimenteux. C’est bon pour l’égo, ça donne envie de leur arracher leur polo Ralph Lauren drette là. Même chose pour les matantes en puissance. On n’est souvent pas piquée des vers, c’est un fait. Plusieurs femmes vieillissent drôlement bien et attirent autant sinon plus que lorsqu’elles étaient de belles et jeunes tigresses chasseuses. Certains jeunes spécimens mâles sont attirés par les voluptueuses matantes autant qu’un essaim d’abeilles butineuses l’est par un champ de trèfle. Biz, biz, biz. Ça donne du bon miel, ça.


Oui, l’étincelle peut naître entre deux personnes d’âge différent. Pourquoi pas? Mais je continue de me dire que l’intention réciproque scelle la relation. Si tu as envie d’acheter une poulette à grands élans de faveurs, ou tu as envie de t’offrir sans scrupule en échange d’un sac Louis Vutton, good for you. Mais n’oublions pas que l’argent ne fait pas le bonheur... Ou peut-être que oui? La rumeur dit que ça aide, mais c’est juste une rumeur. Bref, ma propre conclusion est la suivante : Je préfère sans compromis être mon propre sugar daddy parce qu’à la fin, je gagne toujours.







[1] Extrait de Daddy Cool, de Boney M.

| par La vie est un piment

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