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Mythes de voyage: Croire aveuglément ou voler librement


«Je rigole face au danger, ensuite je cherche un trou pour me cacher.» (Buffy contre les vampires)

Tu pars pour un vrai premier voyage, toi qui n'as même pas une escapade dans le sud à ton pedigree? Tu veux faire ça tout seul comme un grand, pas dans un groupe, sans agent de voyage, sans guide, et suivre aveuglément la route où elle te mènera? Tu admires les gens sans attaches qui sautent d'un avion sans savoir si leur parachute se déploiera? Parle-moi de ça, quelqu'un qui a du guts! Mais la vie est plus compliquée qu'elle n'en a l'air. Le goût du risque, bien que fort attirant, porte une robe couleur sang et a un fini en bouche tout en amertume, par moments. Lorsqu'on s'y attend le moins, bang!, il nous prend au nez, nous fait un triple salto double boucle piquée au cœur et à la tête en simultané et ne nous laisse aucune chance digne de ce nom. Quoi que... Si tu prends un risque, un vrai risque, pas un risque qui goûte le crémage à gâteau, mais un du style «sauce sriracha», tu le fais en connaissance de la sainte cause. Tu le sais, come on, que tu te mets en danger gratuitement pour la beauté toute gratuite de la chose, parfois pour la postérité, un peu pour l'égo et la vantardise, mais surtout pour ne pas passer inaperçu.


J'suis pareil, t'inquiète! Je veux de l'adrénaline, des palpitations, des papillons dans l'estomac et un brin de tralala. Qu'à cela ne tienne, je te vois big time t'engouffrer tel un vrai backpacker illuminé tout droit dans l'antre des problèmes, si tu pars le nez en l'air comme je l'ai déjà fait! Voyager, quand on le voit à la «tivi» dans des belles émissions bien montées, ça ressemble à une ride sur un arc-en-ciel en mangeant de la barbe à papa rose nanan. Mais la «vraie vérité», c'est que tout voyageur n'en est pas un averti et que certains se cassent royalement la margoulette. L'inimaginable n'existe pas, qu'on se le dise. TOUT peut arriver. Aussi, j'aimerais te donner quelques tuyaux liés à des mythes qu'il faudrait briser avant de partir trotter sur le globe, pour ton bon salut.


Mythe: Le drapeau canadien nous rend plus sympa


S'il est vrai que le drapeau canadien est bien plus chouette que la diabolique bannière étoilée aux yeux de plusieurs, il ne s'avère pas non plus le gage d'un accueil plus chaleureux à l'étranger pour son porte-étendard. Après des années sous l'ère Harper, on recommence tout juste à redonner du «vavavoom» à notre réputation à l'international et malgré les simagrées de Trudeau à l'étranger, les résultats tardent à poindre. Le Canada n'est plus le pays «ami» qu'il incarnait il y a vingt ans. On est retombé dans la bonne vieille moyenne. Un passeport canadien ne te fera pas passer devant la file pour avoir une meilleure table au resto. On ne te trouvera pas plus beau et plus fin parce que tu le brandis dans la face d'un portier... Au mieux, peut-être te demandera-t-on avec un p'tit sourire en coin si tu t'excuses tout le temps ou si tu tires de très vocaux «Eh [1]» plus vite que ton ombre... Et quand tu leur diras: «Je sais pas, je suis Québécois», tu te rendras bien vite compte à-travers leurs airs incrédules que les trois quarts des Terriens ignorent que le Québec existe et qu'on y parle la langue de Molière.


Mythe: Il faut tout essayer au moins une fois


Là, je vais péter une petite coche, si tu permets. Je ne sais pas si c'est une tendance, une manie, une illumination divine ou autre chose, mais cette idée de tout essayer au moins une fois, comme pour se prouver qu'on est donc ben hot, c'est la chose la plus surévaluée de l'univers. J'ai vu des tas de backpackers se faire emberlificoter par toutes sortes de magouilleurs à cause de leur avidité à tout vivre à tout prix et nager dans des eaux troubles pour un bon bout de temps. Le fameux: «On sait pas si on aime ça tant qu'on n'a pas essayé»... Euh, non merci. J'ai déjà bu de cette eau-là et j'ai appris que certains jours, je n'ai pas envie de faire ceci ou cela, que des mets vont me rouler dans la bouche et que plusieurs activités coûteuses n'en vaudront pas toujours la chandelle. On t'a appris à dire non pour une raison, pas juste pour booster ton vocabulaire. Arrête de faire la «guidoune» et ose le «non»! Mais si tu préfères flasher et montrer que t'es le summum du cool, ne m'écoute pas, bonne chance avec le reste et que Dieu ait ton âme. Contente de t'avoir connu, tout de même.


Mythe: Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort


Ce n'est pas la mer à boire si tu es un peu déstabilisé. Tu ne voyages d'ailleurs pas pour te sentir comme chez toi. Mais la prudence reste de mise. Mets la pédale douce! Une viande mal cuite, qu'on soit à Tombouctou ou au Saguenay, c'est la même galère. Si tu ne bois pas l'eau du robinet chez toi parce qu'elle goûte le chimique, en théorie, tu ne devrais pas tremper les lèvres dans celle de Lima, même si Chose Bine à la réception de l'hôtel te dit que no hay problema. Si on te minaude qu'il te faut un moustiquaire pour le dodo, tu utilises le moustiquaire pour le dodo, un point, c'est tout. Ne fais pas ton «smat [2]». Et se promener dans une zone de conflits qui n'est pas sécurisée, non seulement c'est dangereux, mais c'est aussi un crime (Va te promener dans le nord de la Syrie pour le fun si tu crois que je te baratine). C'est pas parce que tu passes à-travers de grandes épreuves que tu en sortiras grandi. Tu pourrais t'en extirper avec des morceaux en moins, estropié, avec un dossier criminel, fiché à vie... et devenir une des stars de «Touristes en péril» au Canal Évasion. J'ai des noms de vraies personnes en tête, là, tout à coup...


Mythe: Tout le monde est malveillant


Euh. Ça va faire, la paranoïa. Même dans les recoins les plus perdus dans le fin fond du Far West, on trouve des alliés. Et même des amis (Il n'y a pas que Jean Coutu qui a le monopole des amitiés trouvées). On ne va pas se leurrer, tout de même: Oui, certains quartiers, certaines villes, certains lieux sont plus propices à être truffés de voyous et de truands. C'est l'histoire du monde, en vérité! Mais outre les pays en guerre civile, même dans les endroits les plus pauvres du globe, on trouvera plus d'alliés que d'ennemis à abattre. Les mains tendues pleuvent et il n'en tient qu'à nous de les agripper joyeusement. Les filles qui voyagent en solo sont les plus chanceuses, car elles sont prises sous l'aile des vieux messieurs protecteurs un peu machos tout comme sous celle des femmes de la place, qui sont moins craintives devant une voyageuse, et qui, par solidarité féminine, sont souvent aidantes, couveuses et amicales. Breaking news: Une femme seule peut voyager à sac à dos sans risquer sa peau par défaut.


Mythe: Faire des réserves de bouffe dans son sac, c'est pratique


Savais-tu que les souris et les rats raffolent du sucre? Ils le «spottent» assez rapidement et s'en réjouissent comme des fous. Je vais toujours me rappeler de ces chères Kim et Alicia, deux Américaines que j'ai connues en Inde, qui avaient gardé des bonbons dans leur sac à dos en consigne à la réception... Elles avaient retrouvé leurs sacs défoncés par les rongeurs, lesquels en avaient profité pour gruger leurs chaussures et leurs bobettes (tant qu'à y être!). Plus tu gardes de bouffe dans tes valises, plus tu risques d'attirer les bestioles! Et puis, pourquoi aurais-tu besoin de voyager avec ton garde-manger, hein? Si tu es difficile (ou sélectif, comme dirait un Stéphane que je connais), tu peux toujours te contenter de manger des fruits, dans le pire des cas. Si tu as peur d'être malade, évite les produits laitiers et la viande. Tes valeurs sures sont les fruits pelés, les céréales et les légumineuses. Avec ça, on peut survivre partout. Manger local, c'est aussi ça, voyager. Goûter, aimer ou détester, et en rire un bon coup... Si jamais tu es au pain sec et à l'eau pendant deux semaines, ta poutine (extra fromage, si señor!) n'en sera que meilleure à ton retour, voilà!

Mythe: Tout le monde parle anglais, c'est la langue internationale


Des «yes, no, toaster», il en pleut! Tu penses que tous tes efforts pour apprendre à speaking English t'ouvriront les portes du firmament, mais ce n'est pas toujours le cas. Même que c'est très souvent l'inverse. Oui, l'anglais est un atout pour tout voyageur digne de ce nom, car il est très parlé et facile à apprendre. Mais j'ai voyagé dans plusieurs secteurs pourtant touristiques où l'anglais était très peu répandu. La Turquie, par exemple. L'anglais des Turcs est plutôt faible, voire pratiquement inexistant dans certains secteurs du pays. De là l'importance de se doter de deux outils intéressants pour le voyage: Un bon guide linguistique de la langue locale et un petit livret de pictogrammes, qu'on pourra pointer au besoin et être au moins en mesure d'identifier qu'on cherche les toilettes. Et on peut toujours, pour accélérer un brin la compréhension d'autrui, gesticuler et mimer que c'est pressant et qu'on va faire dans son froc.


Mythe: Les vaccins sont un choix personnel


Pas partout, mon chou. Je t'assure que si tu es anti-vaccination, tu pourrais passer un mauvais quart d'heure dans quelques aéroports. Plusieurs gouvernements exigent qu'on soit vacciné pour entrer dans leur pays. On doit non seulement l'être, mais aussi avoir un carnet de vaccination à jour pour le prouver. Dans certains pays, on peut carrément nous vacciner à l'aéroport pour obtenir le droit d'entrée. Contre le choléra, entre autre, même si ce vaccin n'est pas recommandé. Les cliniques du voyageur t'étamperont une belle exemption bilingue dans ton carnet, si tu daignes les consulter avant de partir, et celle-ci te permettra de passer sans qu'on te vaccine de force, là où cette pratique est de mise. Pour la fièvre jaune, c'est plus compliqué, ça prend non seulement le vaccin, mais aussi une preuve gouvernementale. Sans ladite preuve, tu ne passes juste pas. Ça te ferait une belle jambe de te faire refuser l'entrée dans un pays parce que tu as fait ta tête de cochon et refusé de te faire vacciner! Penses-y à deux fois avant de t'insurger. Ou insurge-toi, mais reste chez toi!


«Quand les potins vieillissent, ils donnent des mythes.», a écrit Stanislaw Jerzy Lec. Et des mythes, il y en a à la tonne dans l'univers du voyage. Tu en trouveras probablement mille et un sur ton chemin au cours de ta carrière de voyageur. Garder l'esprit ouvert, ne rien prendre pour acquis et oser aller au-delà des apparences est la clé du succès des meilleurs globetrotteurs. Il n'en tient qu'à toi de croire aveuglément ou de voler librement.



[2] faire son «smat», de smart, faire son intéressant.



| par La vie est un piment

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